Aide invisible. [Ae-Cha Kim/Emily Sunday]

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Aide invisible

12 Janvier, 18H06.

Emily était allongée sur son lit, essayant de se reposer. Les autres étaient sûrement à leur club ; elle, elle n’avait rien à faire. Il fallait croire que les aveugles ne pouvaient rien faire. La jeune fille soupira et chercha sa montre, posée sur la commode là où elle était sûre de la trouver. Une fois en main, Emily écouta calmement le son des aiguilles.

Ce son la rassurait ; elle ne savait pas pourquoi. En ce moment, elle se disait que c’était parce que les aiguilles tournant avec leur inlassable « Tic, tac » lui assuraient que le temps passait. L’aveugle sourit légèrement, fermant les yeux.

Emily savait ce qu’elle avait mit, ainsi que le tissu qu’elle portait. Une jupe longue en soie ; un haut large en coton ; des ballerines plates, faisant un bruit de canard lorsqu’elle passait ses doigts dessus. Elle s’était fait des nattes, mettant un bracelet froid à son poignet.

La jeune fille rouvrit les yeux, posa sa montre sur la commode en bois et se leva, touchant une dernière fois les draps doux comme la laine d’un agneau. Emily aimait bien toucher les objets qui l’entouraient ; elle aimait aussi toucher les autres, mais c’était plus délicat. Souvent, les gens la repoussaient et lui disait de ne plus les approcher. Et ils disaient tous la même chose. « Je ne veux plus te voir. » L’aveugle détestait cette phrase. Comment pouvait-on dire ça à quelqu’un ? Surtout à quelqu’un de malvoyant ou d’aveugle, comme elle.

Emily retint ses larmes devant ces souvenirs douloureux, comme à chaque fois. Tout ça lui faisait penser à une vie où elle n’était pas aveugle ; une vie où elle savait à quoi ressemblait le rose, le bleu, ou elle pouvait être sûre que le noir était ce qu’elle voyait constamment. Et dans ces moments-là, elle regrettait de ne pas avoir accepté cette opération dès le premier instant où on le lui avait proposé.

- Et qu’est-ce que vous proposez ? demandait sa mère.

Elle se souvenait avoir levée la tête, fixant de ses yeux noirs le mur -bien qu’elle ne le sache pas vraiment. Le médecin s’était déplacé, avait fait du bruit -il avait sûrement sortit ses dossiers- et avait dit, de la peine dans la voix :

- Malheureusement, je ne vois rien d’autre à part une opération.

Emily avait soupirée, fermant les yeux et rejetant la tête en arrière. C’était sûrement le troisième médecin à lui proposer une opération.

- Très bien. Nous allons-
- Non. Je ne veux pas, s’opposa Emily.

Elle avait sentie leurs regards sur son petit corps.

Emily était en colère ; en colère contre le médecin, ses parents, elle-même. Elle laissa couler les larmes et se replia contre elle-même, lâchant quelques gémissements. Elle se laissa tomber sur le sol, renversant sans le vouloir une lampe, qui se brisa au sol.

Emily, en entendant le fracas, se tut et chercha doucement devant elle. Elle sentit alors un morceau de lampe, s’étant brisé dans la chute.

- Oh non…, murmura t-elle. Oh non !

Elle commença à chercher les morceaux cassés, pleurant un peu plus fort. Qu’est-ce qu’elle avait fait ? Elle n’était qu’une incapable ! Une aveugle incapable…
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(c) fiche par ocean lounge

Messages : 7 Date d'inscription : 05/01/2015 Age : 27

Elle venait juste de finir son entraînement de pom-pom girls, et était sortie a l'heure, pour une fois. Elle avait eu le temps nécessaire pour se changer, et sortir un minimum présentable. La fin de l'après-midi, enfin, elle l'avait attendue depuis le premier cours. Elle ne savait jamais quoi faire en rentrant, toujours la même chose. Alors comme à son habitude elle s'allongerai sur son lit et se reposerai. Elle marchait dans les couloirs d'un pas lent, fatiguée.

Rien n'avait changé, enfin presque. Elle avait toujours l'impression qu'elle vivait, alors qu'elle n'aurait pas dû se réveiller. Elle n'avait jamais eu envie de savoir ce qu'il y avait après la mort, préférant rester en vie dans son coin, bien tranquille. Mais bien sûr, elle s'était déjà posé la question, plus d'une fois même. Jamais elle n'aurait pensé que quelque chose comme cela l'attendrait. Elle ne pouvait s'empêcher d'y repenser tout les jours. Elle n'était pas la seule dans ce cas là, enfin ici. La question qu'elle se posait maintenant était "Est-ce que c'est pareil pour tout le monde, ou seulement les gens... comme nous ?". Elle ne savait pas ce que signifiait "gens comme nous", elle n'avait rien de plus que les autres, et rien de moins, enfin c'est ce qu'elle pensait. Y repenser lui faisait toujours une drôle de sensation, qu'elle ne pouvait pas décrire. Un pincement au cœur. Se dire que son cœur avait cessé de battre, elle n'arrivait même pas à l'admettre. Elle se perdait encore dans ses pensées.
Elle se demandait si finalement elle n'aurait pas préféré ne jamais se réveiller. Peut-être que cela aurait été mieux... mais elle n'avait pas à se plaindre, elle vivait. Savoir qu'elle était morte, elle n'aimait pas ça, mais qui aimerait ? Peut-être que... non, en fait, peut-être qu'elle devrait tout simplement ne plus y penser.

Elle arriva devant la porte de la chambre, s'arrêtant pour souffler un coup. Elle n'était pas triste, enfin, peut-être un peu, mais ne se l'avouait pas. Même maintenant elle avait du mal à croire que son cœur s'était remit à battre, elle le sentait pourtant, mais cela était toujours difficile a admettre. Elle avait cru que tout serait normal ici, mais souvent on croit des choses qui sont fausses. Et cela avait été son cas, après d'autres, avant les prochains à y passer. Comment aurai-t-elle put se douter que le directeur était un fou psychopathe ? Franchement, il n'en avait pas vraiment l'air. Si elle avait pu fuir avant de se douter de tout ça, de voir la vérité en face... mais trop tard maintenant. Enfin, cela ne changeait pas grand chose pour elle. Cela était arrivé à d'autre personnes, et ce n'était pas prêt de s'arrêter.

Elle dû arrêter de penser à tout cela, pour ne pas avoir un air totalement déprimé. Elle ne comprenait pas pourquoi, ni comment, mais ce n'était pas aujourd'hui qu'elle trouverait des réponses. Elle poussa la porte et entra lentement dans sa chambre. Elle savait que sa camarde, Emily, y serait déjà. Elle regarda ce qu'elle faisait au sol, avant de venir s'agenouiller près d'elle. Elle avait cassé une lampe, ce n'était pas très grave. Elle commença a l'aider, regardant son visage.

"-Eh, t'inquiètes pas, ce n'est pas grave ! Attends, je vais t'aider."

Elle ramassa quelques morceaux, toujours en regardant Emily. Elle n'aimait pas voir les gens pleurer, même si elle paraissait insensible parfois. Avec Emily c'était autre chose. C'était spécial, elle faisait attention à la jeune fille, à ne pas la blesser, faisait attention à ce qu'elle disait. Alors que les autres, elle s'en foutait totalement. Ce n'est pas pour autant qu'elle ne considérait pas Emily comme quelqu'un de normal, elle était juste spécial. Une jeune fille avec un handicap dont elle se serait bien passée.

Elle ramassa le plus de morceaux possible, ayant peur que la jeune fille se coupe. Cela lui arrivait d'avoir peur pour les autres, cela était peu fréquent mais pas impossible. Il lui arrivait même de pleurer, enfin là, c'était un tout autre cas, encore plus rare.

» Told me where am I. [Alexander E. Miller/Emily Sunday]